Cher·es spectatrices et spectateurs,
L’association loi 1901 Ciné 9 s’emploie à défendre et promouvoir le cinéma d’auteur et le cinéma Art et Essai dans les salles de cinéma de l’Ariège. Cette association est ouverte à tous·tes depuis sa création en 2005 et les adhérent·es sont un soutien essentiel à ce projet culturel.
Grâce à ces adhérent·es, ses spectatrices et spectateurs et ses différents soutiens, cette association peut mener à bien une ligne de programmation exigeante et une politique d’animation active : soirées débats avec réalisatrices, réalisateurs ou intervenant·es, ciné-concerts, mini festivals …
Nous avons plus que jamais besoin de vous pour continuer à faire vivre ce lieu d’échanges et de rencontres autour du cinéma.
Vous pouvez télécharger le bulletin 2025 ci-dessous ou l'obtenir au guichet de vos cinémas.
Et vous pouvez choisir d'effectuer le règlement par virement, ou bien par chèque ou espèces transmis par courrier postal ou remis à l'association.
Il est rappelé que les projections et les animations sont ouvertes à tous·tes,adhérent·es ou non.
Nouveauté à Tarascon !
Avec la carte d'adhérent à Ciné9, vous pouvez bénéficier d'un tarif réduit à 5€ la place (au lieu de 7€)
pour tous les films projetés au cinéma de Tarascon.
Coline Morel, intrépide exploratrice du Pôle Nord, voit sa vie partir à la dérive. Après des années passées à traquer ce yéti auquel elle est la seule à croire, elle se fait licencier et son compagnon la quitte. En pleine débâcle, Coline n’a d’autre choix que de rentrer dans son village natal. Elle y retrouve ses deux frères, Basile et Lolo, ainsi que son amour de jeunesse.
Des montagnes du Jura jusqu’à l’immensité des terres immuables du Groenland, une nouvelle aventure commence alors pour « l’incroyable femme des neiges ».
de Sébastien BETBEDER
France, sortie en salle le 12 novembre 2025, 1h42
culturopoing.com :
L’incroyable femme des neiges est un manifeste pour ceux qui refusent de rentrer dans le rang, qui ruent dans les brancards en posant des questions pas toujours aimables, touchant là où le bât blesse. Coline est dans une forme de croisade, de quête de sens. L’absence d’écho du monde environnant la plonge dans une dépression aussi glaciale que l’étendue infinie du Groenland. Betbeder nous propose une héroïne kamikaze emballante : Coline Morel n’hésite pas à se cogner aux parois trop lisses de la réalité, quitte à se manger le mur, mais elle réussit surtout à en briser les cloisons.
En ce sens, le cinéma de Sébastien Betbeder est salutaire, nous confrontant avec une douce insolence à des empêcheurs de tourner en rond, qui ne tournent peut-être pas toujours rond, mais qui sont en mouvement constant et en évolution. Coline est parfois sombre mais refuse de renoncer. Ainsi, L’incroyable des femmes des neiges est parfois désenchanté, mais toujours enchanteur.
Les Inrockuptibles :
Le film est un ravissement de chaque instant, une comédie à la fois hilarante et profonde, aussi bien écrite qu’interprétée et qui rappelle le meilleur du cinéma de Judd Apatow.
Positif :
Une merveille de délicatesse et d'humour, qui offre à Blanche Gardin son meilleur rôle.
Ce qu’en dit Blanche Gardin dans le dossier de presse :
Ce que le film raconte, résonne terriblement avec cet équilibre très précaire dans lequel nous avons le sentiment d’être coincé. Une situation qui se révèle très inconfortable car s’accrocher à ce qu’on a toujours connu semble suicidaire, mais nous savons au fond de nous que quelque chose de notre culture occidentale individualiste, coloniale, patriarcale et capitaliste doit mourir si nous voulons un jour retrouver un sentiment d’appartenance à l’humanité. Notre culture a créé des individus en exil de leur propre espèce ; c’est aussi ce que traduit Coline dans sa quête et sa difficulté à coller aux attentes.
Céline attend l’arrivée de son premier enfant. Mais elle n’est pas enceinte. Dans trois mois, c’est Nadia, sa femme, qui donnera naissance à leur fille. Sous le regard de ses amis, de sa mère, et aux yeux de la loi, elle cherche sa place et sa légitimité.
de Alice DOUARD
France, en salle le 19 novembre 2025, 1h37
Abus de Ciné :
Le film s’ouvre sur un écran rouge et le vote de la Loi française sur le Mariage pour tous à l’Assemblée Nationale. Présenté en séance spéciale à la Semaine de la critique cannoise 2025, le film va donc traiter d’homoparentalité, au travers du parcours administratif, mais aussi émotionnel, de la compagne de celle du couple qui porte l’enfant. Car être mère biologique est une évidence, mais être reconnue comme mère d’un enfant qu’on ne porte pas, ne semble toujours pas l’être, malgré la possibilité d’adoption ouverte il y a maintenant 12 ans. "Des preuves d’amour" fait ainsi œuvre de pédagogie au travers d’un scénario centré sur la compagne, Cécile, interprétée par Ella Rumpf, qui incarne savamment un mélange de crainte, de sentiment d'isolement et de détermination.
Le Polyester :
Ce qui change ici c’est le point de vue : une première concernée (la réalisatrice, qui s’inspire de son expérience) raconte l’histoire de premières concernées, et ici les lesbiennes répondent, remettent à leur place et cognent si besoin (une scène extrêmement satisfaisante). Une comédie queer qui sait finement se moquer des hétéros, voilà qui change de l’habituelle dynamique de personnages LGBT servant de sujets de blagues grasses pour homophobes. Tout cela est réalisé avec naturel dans le long métrage, grâce à un brillant sens du dialogue, une absence de clichés et l’excellence de l’interprétation, avec en tête Ella Rumpf, rayonnante dans le rôle principal, et Noémie Lvovsky, imprévisible en mère-diva.
Le rôle de cette dernière est une clef dans Des preuves d’amour, illustrant à quel point aucun lien familial ne va de soi.
BANDE A PART :
En prolongement de son court-métrage césarisé L’Attente, Alice Douard livre avec Des preuves d’amour la version longue et enrichie de la grande aventure d’un couple de femmes bientôt plongé dans la maternité. Une maternité biologique, donc reconnue juridiquement d’office pour l’une, Nadia, qui porte l’enfant, mais un véritable enjeu sociétal pour l’autre, Céline, qui doit passer par un chemin d’embûches et d’étapes alambiquées pour décrocher le sésame de coparent, en l’occurrence l’autre mère. Plutôt que d’orienter ce parcours vers une guerre ou un chemin de croix, mais sans nier la réalité complexe, la réalisatrice opte pour l’élan et la vitalité. Son premier long-métrage, présenté en séance spéciale à la 64e Semaine de la Critique, vise même la réjouissance.
Par l’énergie, par la volonté, par le désir aussi de faire un cinéma ample et fédérateur, en montrant que les questions de ce duo féminin sont avant tout communes et universelles : cette épopée galvanisée nous ouvre grand les bras, densifiée par la texture de l’image signée Jacques Girault (Sauvage, Petite Nature, Le Théorème de Marguerite).
Quelques mots de la réalisatrice, Alice DOUARD :
Mon ambition profonde serait que quelqu’un qui a fait les manifestations pour tous en 2013 admette qu’il s’est trompé. Ça n’est pas un film qui cherche à réactiver un conflit. Au contraire, j’aimerais une réconciliation. C’est une œuvre qui veut montrer la vérité, loin de ce qui était scandé dans les manifestations. La vérité c’est celle-ci : des gens qui s’aiment et des gens qui doutent. L’intelligence c’est de savoir changer d’avis, changer de regard. Ça peut se faire dans la lutte et la violence, et j’ai participé à ces mouvements là, mais ça peut aussi se faire dans le temps et dans l’écoute. C’est pour ça que nous voulions faire un film populaire et fédérateur.
Aujourd'hui, Alice se retrouve devant un juge et n'a pas le droit à l'erreur. Elle doit défendre ses enfants, dont la garde est remise en cause. Pourra-t-elle les protéger de leur père avant qu'il ne soit trop tard ?
de Charlotte DEVILLERS et Arnaud DUFEYS
Belgique, sortie en salle le 12 novembre 2025, 1h18
Bande à part :
Les mots, les tremblements de la voix, les regards perdus, mais cette force sourde qui la tient et l’oblige : la mère est à la fois panique et résolution. Myriem Akheddiou l’incarne de toutes ses forces, de toute son âme. Vibrante, tremblante, et la seconde d’après, outrée avant que d’être bouleversante lorsqu’elle dit la vérité. Sa vérité. Et celle de ses enfants qui ne veulent plus voir leur père. Celle de son petit garçon qui se renferme en lui-même ou explose de colère, et souffre de maux de ventre terribles. À ses côtés, mais comme séparé d’elle par un gouffre, son ex-mari tombe des nues, roule des yeux perdus, bredouille qu’il ne comprend pas, clame son innocence. Laurent Capelluto est si frontal, si convaincant dans ses dénégations, que le doute nous envahit. C’est « parole contre parole ». Et voilà que nous sommes, nous spectateurs, dans la position de la juge qui écoute et tente de se frayer un chemin vers ce qu’il faut croire ou ne pas croire.
Ce premier long-métrage coécrit et coréalisé par Charlotte Devillers, infirmière de son métier, et Arnaud Dufeys, réalisateur de courts-métrages, s’inspire du réel pour le retracer, le transcender, dans une mise en scène simple mais étourdissante, légère mais implacable. Tourné en treize jours, minimaliste et pourtant gigantesque dans son impact, dense, intense, On vous croit est une claque. Et la joue vous brûle bien longtemps après la projection.
Les Inrockuptibles :
On vous croit, c’est ce que finira par affirmer la juge à deux enfants lassés de devoir encore et toujours évoquer des souvenirs douloureux qu’ils souhaiteraient oublier. De la même manière, ils aspirent à se débarrasser de la présence de ce père qu’on leur impose, alors qu’ils refusent de le voir. Mais avant d’en arriver à cette conclusion rassurante, les Belges Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys exposent, à travers un scénario dépouillé de toute emphase, les mécanismes par lesquels la justice jauge la vérité, de manière abrupte, sans jamais prendre parti, ni pour les victimes, ni pour l’accusé.
Cahiers du Cinéma :
Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys ne visent ni la fiction d’angoisse ni la simple chronique réaliste, mais scrutent avant tout ce que l’instance judiciaire fait à un visage, celui d’une mère et d’une actrice (Myriem Akheddiou).
ENTRETIEN AVEC CHARLOTTE DEVILLERS ET ARNAUD DUFEYS, RÉALISATEURS :
Dès le départ de l’écriture, nous nous sommes rendus compte à quel point dans les parcours de justice, les audiences sont naturellement struc- turées selon les mêmes ingrédients qu’un film de fiction ou une pièce de théâtre : l’ordre dans lequel s’effectue les prises de paroles permet une tension croissante, avec des révélations progressives. L’audience a donc été retrans-
crite selon les différents récits que nous avons recueillis et qui ont tous certaines similitudes. Ce que nous avons davantage fictionnalisé, c’est les scènes qui précèdent et qui suivent cette au- dience. Nous les avons construites de manière à s’immerger au maximum dans le parcours émotionnel d’Alice, entre son sentiment initial de culpabilité et la réappropriation de son rôle de mère à la sortie de l’audience.
Brésil, 1977. Marcelo, un homme d’une quarantaine d’années fuyant un passé trouble, arrive dans la ville de Recife où le carnaval bat son plein. Il vient retrouver son jeune fils et espère y construire une nouvelle vie. C’est sans compter sur les menaces de mort qui rôdent et planent au-dessus de sa tête…
de Kleber MENDOÇA FILHO
Brésil, en salle le 17 décembre 2025, 2h40
Fanceinfo Culture :
Au Festival de Cannes 2025, ce fut treize minutes de standing ovation pour Kleber Mendonça Filho et son équipe après la projection de son dernier opus, O agente secreto (L'Agent secret), une œuvre d'une rare originalité qui sort dans les salles mercredi 17 décembre. Le film s'ouvre sur un succès musical de 1977 au Brésil. Deux personnes échangent en off sur ce titre qui fait danser tout le pays. Une discussion banale, mais la situation ne l'est pas. Le pays est tenu d'une main de fer par une dictature militaire depuis 1964.
À l'écran, rien ne transparaît de ce régime, sinon le portrait officiel du président et des flics ripoux, mais l'atmosphère demeure suffocante, oppressante. Il règne une forme d'urgence anxiogène, sombre, que seule la solidarité arrive à illuminer par intermittence. Kleber Mendonça Filho signe avec O agente secreto un thriller politique subtil et poétique. Et Wagner Moura qui incarne Marcelo, un quadragénaire fuyant une menace diffuse, est bluffant de justesse et de présence. L'acteur brésilien, dont la notoriété a explosé après son interprétation de Pablo Escobar dans la série Narcos diffusée sur Netflix, porte le film de bout en bout. L'acteur ne cache pas sa joie de tourner chez lui, au Brésil, et dans sa langue maternelle, en portugais.
Positif :
"L'Agent secret" est un film sur le plaisir du faux-semblant, sur la beauté d'un sens qui se dérobe. Dans une époque saturée d'opinions et de récits, Mendonça Filho propose une résistance par la mémoire.